Nov 052015
 

Mariée à un Français, elle a été accompagnée, mardi 23 juin, jusqu’à l’aéroport de Roissy avant d’être relâchée. Appliquant la loi, la préfecture reste inflexible.

« Elle avait rendez-vous à 10 h chez sa gynécologue. » À cette heure-là hier, Khady filait vers l’aéroport de Roissy-Charles-de-Gaulle dans une voiture de police. Cette Sénégalaise de 37 ans devait prendre place dans un avion à destination de Dakar. La faute à un arrêté portant obligation à quitter le territoire français. Malgré sa grossesse de trois mois.

Obligation de quitter le territoire malgré son mariage

On est loin des histoires de fuite d’eau, chères à Nicolas Sarkozy. Arrivée en France en octobre 2011 avec un visa de court séjour, elle s’installe à Angers. Elle y rencontre Ludovic, 47 ans, avec qui elle se marie en octobre 2013. Sa demande de titre de séjour de mai 2014 est court-circuitée par les conditions de son arrivée. La préfecture prend un arrêté d’expulsion le 19 juin.

Pression accuei

l y a quelques semaines, la pression des services de l’État s’accroît. « Depuis deux mois, elle est assignée à résidence, retrace son époux, directeur dans une entité d’entreprise. Tous les matins à 9 h, elle doit pointer. Des Banchais au commissariat Dupetit-Thouars, enceinte. La dernière signature devait être ce mardi. »

Vers Roissy sous escorte

Mais le rendez-vous tourne court. Et le SMS rassurant du matin se transforme en coup de fil alarmiste. « J’ai tout arrêté », lance le mari. Khady a juste le temps de passer prendre des affaires. Direction : Roissy sous escorte. « J’ai réussi à lui dire au revoir. »

Rien mangé

Tout s’accélère. Ludovic part pour Paris. « À Roissy, j’ai erré d’aérogare en aérogare. » Il pense sa compagne partie. Mais Khaby refuse d’embarquer. « Sinon, je ne la revoyais pas. » Il est invité à passer la chercher. Malgré sa grossesse, elle n’a rien mangé de la journée.

Restée irrégulièrement en France

À la préfecture, on se range derrière la loi. « Elle est entrée et s’est maintenue irrégulièrement sur le territoire français. » Ce qui « ne lui permet pas d’obtenir une carte de séjour temporaire « vie privée et familiale » en qualité de conjoint de Français. » Me Julien Roulleau, avocat du couple avec Me N’Gom, nuance. « L’article L 313-14 stipule que, pour des raisons exceptionnelles et des considérations humanitaires, on peut régulariser une personne ».

« Absurdité de l’administration »

« On est face à des articles de loi », souffle Ludovic qui pointe « l’absurdité de l’administration ». Malgré le soutien du maire d’Angers. Me Roulleau s’étonne lui aussi de la célérité préfectorale. « Le recours contre l’obligation de quitter le territoire n’est pas suspensif, mais habituellement, la préfecture attend. Surtout quand une femme est enceinte. »

Convoquée ultérieurement

La préfecture annonce qu’elle convoquera Khaby « ultérieurement pour examen complémentaire de sa situation administrative ». Inflexible, elle l’invite à « retourner au Sénégal pour y solliciter la délivrance d’un visa long séjour ». « On veut l’obliger à faire le yo-yo entre les deux pays », souffle Me Roulleau. Ludovic n’en revient pas. « Qu’est-ce qu’on a fait ? Elle est traitée comme une vulgaire criminelle. »

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 Publié par le 5 novembre 2015

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