Les couples mixtes face à l’administration
Le collectif Les amoureux au ban public est de passage à Strasbourg jusqu’à ce soir pour parler des difficultés que rencontrent les couples binationaux. Une antenne pourrait ouvrir à Strasbourg.
On en parle moins mais à les entendre, rien n’a vraiment changé ces dernières années pour les couples mixtes « franco-étrangers ». « Beaucoup de gens pensent qu’un mariage avec un Français c’est pour obtenir la nationalité, regrette Charlotte Rosamond, coordinatrice du collectif Les amoureux au ban public. C’est faux !
D’abord, il y a cette idée d’une certaine facilité alors que c’est tout le contraire, il y a tout un parcours administratif, beaucoup de difficultés pour avoir droit à une stabilité dans sa vie. Et on parle beaucoup de mariages de complaisance, mais il y a des couples qui s’aiment et qui veulent vivre ensemble ». Le collectif dit ne pas nier l’existence de mariages blancs ou gris (c’est-à-dire simulés pour l’acquisition de la nationalité par le conjoint étranger), mais il considère qu’il s’agit d’un épiphénomène. « On parle du phénomène des mariages de complaisance, mais sans avoir de chiffres précis », ajoute Juliette Devos, juriste du collectif.
Les témoignages font état d’une suspicion généralisée, avec la nécessité de prouver la sincérité des sentiments, d’une procédure longue, complexe, de questions intrusives sur la vie privée et de modalités qui peuvent varier d’une préfecture à l’autre. Avec pour conséquence, des couples que la procédure sépare, des conversations sur skype, des vols low cost pour espérer se voir quelque temps.
Hier après-midi, dans les locaux de l’Association l’Étage, qui accueille un millier de jeunes chaque année, Fatou Ba, comédienne et conteuse, a lu des lettres de conjoints de couples «franco-étrangers ».
Des lettres en forme de témoignages réunies dans un ouvrage
Des relations épistolaires réunies dans un ouvrage qui vient de paraître aux éditions la Ville brûle, à l’initiative du collectif, avec une préface d’Erik Orsenna. Des lettres en forme de témoignages écrites dans le contexte de la procédure en vue du mariage, ou dans le cadre d’ateliers d’écriture. Cet ouvrage dont le titre est Haut les cœurs, sera présenté ce soir à 19 h, à la librairie Quai des Brumes, en présence de Charlotte Rosamond et Juliette Devos du collectif, mais aussi d’Anny Kaiser, présidente de la Cimade Alsace Lorraine, de Jean-Michel Hitter, président de l’association l’Étage, et de Laura Odasso.
Cette dernière, chercheuse et sociologue entre Bruxelles et Strasbourg, a travaillé sur l’impact des lois sur les couples binationaux. Elle envisage de créer une antenne strasbourgeoise du collectif les Amoureux au ban public.
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