J’attends ma fille coincée à Istanbul avec son mari Turc qui a demandé un visa de long séjour. Rien à faire : le consulat fait ses petites vérifications multiples et variées, à moins que ce ne soit « les autorités compétentes » mentionnées dans un mail non signé. Leur dire, à ces agents de l’état censés servir les intérêts des ressortissants français à l’étranger, que la situation est en train de prendre un tour très inconfortable, que le couple n’a plus de logement parce qu’on leur avait laissé penser que le visa serait donné début août, qu’ils se sont repliés sur la maison familiale à la campagne et ne peuvent pas accéder facilement à leur messagerie électronique, s’excuser de s’énerver, forcément, parce qu’au téléphone les réponses varient d’un interlocuteur à l’autre, rien ne les fait bouger, ni redescendre au niveau de la piétaille, ni réfléchir au changement de l’ordre mondial et ajouter sa part d’humanité dans le quotidien : vous aurez la réponse quand… ben quand nous aurons la réponse.
Faut-il préciser toutes les embûches de la procédure ? Malgré un test de langue remporté haut la main, malgré une visite médicale nickel, malgré un mariage transcrit depuis plus d’un an (oublions les affres vécues sur cette procédure) l’un ou l’autre pinaille sans cesse. Fait valoir une remise tardive de pièces complémentaires qui n’ont jamais été réclamées à l’intéressé – parce qu’il les avait déjà données lors de la transcription du mariage peut-être ??? En tout cas ma fille a dû consentir, pour la demande de visa de son chéri, à écrire comment elle a fait sa connaissance. Et celui-ci, un voyou tatoué de la pire espèce qui s’est rebellé contre la destruction du Parc de Gezi et qui ces derniers mois distribuait discrètement avec d’autres « çapulcular »* des vêtements aux réfugiés Syriens, doit expliquer un délit mineur porté sur son casier judiciaire. (En fait non, finalement ça ira comme ça lui dira-t-on le lendemain après lui avoir fait faxer le jugement du tribunal).
Oui il est urgent de changer tout ça, de dire, de faire quelque chose. »
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