Bonjour,
Je suis avec beaucoup d’intérêt l’action des « amoureux » et avec beaucoup de tristesse les témoignages de tous ces couples qui se battent pour vivre ensemble.
On entend beaucoup parler des consulats qui font traîner la transcription des actes de mariages mais rarement d’un autre problème, les consulats qui empêchent les mariages à l’étranger.
Je vis au Congo depuis 4 ans. Moi française, lui congolais. Nous avons 34 ans tous les deux. Nous nous sommes rencontrés au Sénégal il y a 5 ans, je faisais du bénévolat dans une école, il était responsable dans une usine d’agro-alimentaire. Il vivait au Sénégal depuis plusieurs années et a décidé de retourner chez lui. Je l’ai rejoint quelques mois plus tard , après avoir trouvé un travail pour tenter l’aventure dans un nouveau pays.
Nous vivons dans une petite ville où tout se sait et tout le monde se connaît. Je suis très active au niveau associatif, nous travaillons tous les deux (lui pour une entreprise française !).
Il y a 2 ans, naïvement, nous avons fait une demande de visa de tourisme pour qu’il puisse rencontrer ma famille : refus, sans justification…
Janvier 2011, nous décidons d’entamer les procédures pour se marier en mai 2011. Nous souhaitons avoir un enfant et souhaitons avoir une situation plus stable, on ne sait jamais ce qu’il peut arriver.
Pour se marier au Congo, il faut une capacité à mariage (la transcription étant maintenant impossible). Commence alors l’humiliante procédure avec le fameux « entretien » digne d’un jeu télévisé et un agent qui tente de me dissuader d’épouser un Congolais (« vous savez madame que lorsque vous épousez un Congolais, vous épousez sa famille »). Entretien passé le 1er mars, « on vous rappellera » « mais sûrement pas avant septembre, « ne soyez pas trop pressée » et surtout « si vous voulez rentrer en France, faites-le » (ah c’est ça le but alors, que je me lasse et que je rentre en France).
En Août, je tombe enceinte, en novembre, je retourne au Consulat pour la reconnaissance anticipée du bébé à venir et pour demander où en est mon dossier de mariage. On essaie de me dissuader (encore, décidément) de faire reconnaître l’enfant après m’avoir demandé si le papa était bien mon futur mari (ou comment faire pleurer une femme enceinte…).
Un nouvel agent s’occupe de moi et prend connaissance de mon dossier qui est « trop mince », pas assez de preuves de vie commune.
Le jour de la reconnaissance, l’agent devient très coopérant, sûrement ému par mon gros bidon et le fait que je sois obligée de rentrer en France accoucher seule… Il me dit que dès mon retour, il faudra relancer le dossier, le fait d’avoir un enfant en commun pouvant peser dans la balance !
J’ai eu une magnifique petite fille en mai. J’ai passé trois mois en France, sans le papa, j’ai accouché seule, il n’ a pu prendre sa fille dans ses bras qu’à un mois et demi.
Je suis allée faire inscrire ma fille au consulat à mon arrivée et j’y ai croisé l’agent responsable de mon dossier. Il me demande de passer le voir après ses congés pour prendre rendez-vous pour l’entretien. Je m’étonne, on a déjà passé l’entretien il y a un an et demi. Oui mais c’est trop long, le dossier n’est plus valide, il faut tout recommencer depuis le début…
Je ne pense pas que je recontacterai le service de l’état civil, je n’ai pas envie de revivre toute ces humiliations. Être obligée de justifier mes choix de vie, de déballer mes revenus (« comment vous arrivez à vivre avec si peu?! « ), de sentir le jugement de l’agent en face de moi qui se dit encore une qui s’est faite avoir…
Je n’ai aucune envie de revenir vivre en France avec ma famille, nous ne souhaitons pas nous marier pour ça (et quand bien même, c’est mon droit !). J’aimerais juste me dire que si demain il m’arrivait quelque chose, ma fille sera en sécurité avec son père. J’aimerais aussi que ma fille puisse passer son premier Noël avec sa famille de France ET son papa.
Tout simplement…
Merci du combat que vous menez pour aider tous ces couples à vivre en paix. Je ne sais pas ce qui est le plus dur dans cette histoire mais ce qui m’a vraiment frappée c’est d’avoir l’impression d’être hors la loi tout le temps et de profiter du système. J’ai choisi d’accoucher en France (à mes frais !) car le service de santé n’était pas satisfaisant où je vis et que j’ai eu des complications. J’entends encore les remarques de mes compatriotes qui me soupçonnaient de venir accoucher en France pour que mon enfant ait la nationalité (alors qu’elle aurait pu naître n’importe où, elle est française, de parent français). Je ne parle même pas de tous ceux qui m’accusent d’avoir profiter de la sécu et de la CAF. Le mythe de l’étranger qui profite du système s’applique aussi au conjoint d’étranger…
Voila, c’est tout pour ce soir, merci d’avoir pris le temps de lire ma complainte !
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