Selon lui pour préserver les riverains, selon ses opposants pour séduire l’électorat FN, le maire de Nice veut que l’on calme sa joie lors des mariages (maghrébins ?)…
Sur fond de campagne législative, dans une région où les retraités sont légion et où le Front national a recueilli plus de 23% des suffrages au premier tour de la présidentielle, le député-maire de Nice, Christian Estrosi, a fait passer, vendredi 25 mai, un arrêté réprimant les mariages qui seraient célébrés de façon trop bruyante, trop voyante, voire trop exotique.
La grande question sous-jacente est de savoir si sa motivation est vraiment de préserver la tranquillité des riverains de l’Hôtel de Ville, ou, par une mesure qui viserait expressément certaines communautés, d’envoyer un signal à un certain électorat. Ce dont, bien sûr, ne doute pas l’opposition, de gauche, au conseil municipal…
Un strict encadrement des manifestations de joie…
Concrètement, l’élu UMP avait annoncé la veille que désormais, ou plutôt à compter du 2 juin, il ne serait plus question d’entendre des cris, des sifflets (pour ne pas dire des youyous…), lors des célébrations de noces.
Au-delà, l’arrêté proscrit la présence de drapeaux « notamment étrangers », ou, autre sous-entendu assez clair, de groupes de musique « folklorique ». Pour guitares et violons, on ne saurait trop dire, mais manifestement darboukas (et binious ?) ne sont plus les bienvenus à Nice.
En cas d’infraction, il est prévu que les cérémonies soient repoussées au lendemain. Autant dire, techniquement, peut-être aux calendes grecques, tant l’on sait qu’en particulier l’été, dans nombre de mairies de France, le calendrier des mariages est chargé.
Préserver la solennité de l’instant ? Vraiment ?
Selon M. Estrosi, qui a évoqué quantité de pétitions se plaignant des débordements, du stationnement anarchique au vacarme subi, ce décret tend à limiter les comportements de « nature à troubler la tranquillité (des Niçois) et la solennité de l’instant ».
L’élu UMP, dont les propos ont été relayés par Nice Matin, explique : « Le samedi, en période d’affluence, jusqu’à 34 mariages peuvent être célébrés. Il s’agit de faire respecter aux futurs époux les horaires fixés par l’Etat civil et respecter les autres cérémonies en ne perturbant pas la solennité de l’événement par des cris et des chahuts incessants ».
Pour le conseiller municipal socialiste Paul Cuturello, qui affronte Estrosi dans la 5e circonscription des Alpes-Maritimes où ce dernier se représente, il ne fait guère de doute que sa mesure est avant tout destinée à « stigmatiser », les personnes originaires des pays du Maghreb. Vu le contexte, il y voit une « nouvelle manoeuvre électoraliste pitoyable destinée à l’électorat du FN ». Ce faisant, « M. Estrosi abîme l’image et la réputation de Nice sur le plan international », a-t-il ajouté.
Estrosi souffle sur les braises communautaristes ?
Comme lui, Abderrazak Fetnan, également élu PS de la ville, voit dans ces mesures « des bombes sales qui préparent les élections ». « Il a fait exactement la même chose en direction des épiciers de nuit au moment des régionales », en mars 2010, rappelle M. Fetnan.
A l’époque, sur le papier pour limiter la vente tardive d’alcool, le maire de Nice avait restreint les heures d’ouverture de certains commerces, de fait, essentiellement tenus par des Maghrébins, Français ou non.
De mesure en mesure jugées discriminatoires, le conseiller municipal niçois estime qu’à dessein, l’édile UMP est « clairement en train de communautariser la ville », notamment à des fins électorales.
… ou réprime tous azimuts ce qui sortirait du décor ?
A la décharge, si l’on peut dire, de M. Estrosi, en matière de répression des débordements sur la voie publique, ou de quoi que ce soit qui ne correspondrait pas à sa vision de la ville et de la société, force est de constater qu’il n’en a pas qu’après les personnes d’origine étrangère…
Ainsi, le 2 avril, un arrêté municipal avait proscrit la mendicité agressive en centre-ville, notamment au port et sur la Promenade des Anglais. Une brigade de 16 personnes vient d’être mise en place contre ce phénomène, constituée d’inspecteurs de l’hygiène, d’assistantes sociales et de policiers municipaux, a annoncé Estrosi aujourd’hui.
Ainsi, le mois dernier, la consommation d’alcool a été proscrite des plages, des rues et des parcs du centre-ville… Ainsi en août dernier, l’activité des artistes de rue a fait l’objet d’un arrêté plutôt dissuasif… Ainsi, depuis le début de l’année, selon les chiffres de la mairie : au moins 189 mendiants, 44 personnes imbibées et 36 « artistes » ont été verbalisés à Nice.
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