Pour s’être exprimée contre le défilé militaire du 14 juillet , Eva Joly fait depuis plusieurs jours l’objet d’attaques fustigeant sa double nationalité et son origine étrangère, remettant au coeur de l’actualité un débat sur l’identité nationale qui n’en finit pas avec les relents xénophobes.
Alors que pour François Fillon, la position d’Eva Joly témoignerait de ce que » cette dame n’a pas une culture très ancienne des valeurs françaises« , Marine Le Pen affirme qu’elle ne serait pas « légitime comme candidate à la présidentielle car elle n’a été française que tardivement« . Alors que le député UMP Guy Teissier n’a pas hésité à taxer la candidate écologiste d' »anti-France« , un autre député UMP, Lionel Tardy, estime qu’ » il est temps pour elle de retourner en Norvège !« . A gauche, sur le même registre, Jean-pierre Chevènement relève que « la nature de la France lui échappe sans doute. Peut-être lui faut-il encore un peu d’accoutumance (…) Elle vient du Nord« . Il y aurait donc d’un côté les « vrais Français » et de l’autre ceux qui n’ont de français que les papiers !
Les Amoureux au ban public protestent vigoureusement contre de tels propos qui visent à stigmatiser les Français dits » d’origine étrangère », parfois détenteurs d’une double nationalité, en les présentant comme des Français de second rang, toujours suspects d’infidélité aux « valeurs » et à l’ « identité » françaises.
Les couples franco-étrangers connaissent très souvent des situations de bi-nationalité : celle de certains Français engagés dans ces unions, celle des conjoints étrangers devenus français par mariage comme cela a été le cas d’Eva Joly en 1967, ou encore celle de leurs enfants. Mis au ban par la suspicion de fraude qui entourent leur mariage, ces couples sont également dans le viseur des pourfendeurs de la bi-nationalité et des « origines étrangères ». Au mois d’avril dernier, le Haut Conseil à l’intégration dénonçait ainsi dans un rapport le danger que constitueraient les mariages entre étrangers et Français d' »origine étrangère » pour la cohésion nationale en contribuant à la constitution de « communautés ethniques plus favorables au communautarisme qu’à l’intégration« . Plus récemment, un rapport parlementaire a proposé d’imposer aux personnes qui deviennent françaises par mariage avec un(e) Français(e) de manifester leur « volonté d’appartenir à la nation française » ainsi que de renoncer à leur autre nationalité.
Les « valeurs de la République » sont décidément en train de prendre une étrange couleur au nom de l’identité nationale…
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