Le Ministre de l’intérieur, Claude Guéant, a déclaré lors du conseil des ministres du 15 juin 2011, vouloir maîtriser l’immigration familiale, particulièrement les régulations au titre de la vie privée et familiale et le rapprochement de conjoint de français.
Pour une fois, l’objectif final est affiché sans équivoque : il s’agit de maîtriser, réduire dans ce cas précis, l’immigration familiale, reléguée au rang peu enviable « d’immigration subie » puisqu’elle ne peut être orientée vers une correspondance directe avec les besoins économiques français.
Le Ministre vient de confirmer ce que nous savions depuis bien longtemps : les restrictions tous les jours croissantes au droit de mener une vie familiale normale pour les couples franco-étrangers visent à protéger la nation de l’entrée « d’individus indésirables » qui n’apporteraient pas une valeur ajoutée à l’économie française ou qui ne correspondraient pas à l’idéal type français.
Cette vision utilitariste de l’immigration familiale rentre complètement en contradiction avec les raisons officielles évoquées pour justifier les innombrables contrôles dont les couples franco-étrangers font l’objet : l’objectif de traquer les fraudes à l’intention matrimoniale justifie le déploiement d’un arsenal de dispositions visant à mesurer l’authenticité des sentiments des conjoints. Or si le critère de la sincérité du sentiment qui lie les deux conjoints est mis en avant, les autorités françaises n’hésitent pas à séparer des conjoints qui ont prouvés la réalité de leur relation pour des éléments étrangers à leur union.
D’ailleurs, les intentions ne sont plus dissimulées : le Haut Conseil à l’Intégration dans son dernier rapport accuse les unions mixtes de rassembler avant tout des français d’origine étrangère avec des ressortissants étrangers provenant de leur pays d’origine. Au-delà de la portée contestable de la constatation qui ne s’appuie sur aucune statistique fiable, cette assertion revient à occulter la réalité du sentiment amoureux unissant deux personnes pour ne prendre en compte que les caractéristiques ethniques, sociales et nationales supposées. Le gouvernement français, appuyé par le Haut Conseil à l’Intégration, pratiquerait il l’endogamie qu’il dénonce, assimilant le couple franco-étranger à un cheval de Troie de l’entrée d’individus ne correspondant pas à l’idéal national ?
Il apparaît que la réponse soit positive : le Haut Conseil à l’Intégration a également proposé d’instituer des conditions de ressources et de logement pour le rapprochement de conjoints de français. Ici, la réalité du sentiment amoureux, n’importe guère, seul le compte en banque des futurs conjoints est pris en compte. Nous sommes bien loin de l’idéal amoureux qui est vendu aux couples mixtes pour justifier l’intromission dans leur vie privée.
Monsieur le Ministre, les effets sinon le but de votre politique sont-ils de séparer durablement les couples et de nier leur droit de mener une vie familiale normale en sélectionnant les unions qui seraient en conformité avec votre vision de la France ?
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